DO YOU WANNA ?


« Si tu veux savoir qui je suis vraiment, tu n’as qu’à venir voir par toi-même. Les apparences sont trompeuses, qui sait ? » Oups ... Lou n’avait pas vraiment prévu un tel retournement de situation et il sentit un frisson d’appréhension rouler le long de son dos. Il savait que Zadig l’avait piégé : s’il ne se levait pas et n’acceptait sa ‘proposition’, il passerait pour un trouillard et bonjour l’ambiance au bureau après ça ... Alors Louie lui rendit son sourire, un sourire éclatant, bien décidé à ne pas laisser à Zadig la chance de croire qu’il n’était qu’un type coincé et trop sage. Avec des gestes souples, il se leva, enfila son blouson et déposa un billet sur la table, avant de rejoindre Zadig. Il se planta devant lui, le regarda dans les yeux, ignorant l’angoisse qui gagnait insidieusement son esprit. Faisait-il le bon choix ? A bien y réfléchir, toutes les relations dans lesquelles il s’était lancé avaient rapidement périclité parce que justement, il ne faisait jamais les bons choix. Trop naïf, trop gentil, pas assez exigeant ... Pourquoi est-ce qu’il fallait que tous les hommes qui lui plaisaient soient de parfaits salopards ? A cette pensée, le cœur de Lou se serra douloureusement. N’en laissant rien paraître, il sourit à Zadig. « Je suis curieux de voir ça. » lança-t-il, avant de l’entraîner dehors, loin de la foule du Springsteen. Dehors, il faisait frais et la nuit était désormais bien tombée. Dans la pénombre, il jeta un regard furtif à Zadig. Verrouille ton cœur, Louie. Ne sois pas un stupide cœur d’artichaut, rappelle-toi à quelle catégorie il appartient, il veut jouer avec toi et tu veux jouer avec lui. C’est tout. Louie se pinça les lèvres. Continuer de jouer, c’était tout ce qu’il voulait faire. Et rien d’autre. Du moins, tâchait-il de s’en persuader.

(...)

Après une dizaine de minutes de marche, Lou dut faire un premier (et complètement effroyable, horrible, inimaginable) constat : ils habitaient dans le même immeuble. Oh mon dieu. Comment avait-il fait pour ne jamais s’en rendre compte ? Il faut dire que l’immeuble était plutôt immense mais tout de même ... Louie ne fit pourtant aucun commentaire et suivit docilement Zadig jusqu’au quatrième étage, où se trouvait vraisemblablement son appartement. Au fur et à mesure qu’ils montaient, Lou sentait la peur et l’excitation se mêler l’une à l’autre. Peur de ce qui allait se passer derrière la porte une fois qu’ils l’auraient franchie, mais excitation parce que ... Et bien, parce qu’il allait se retrouver totalement seul avec Zadig et malgré le danger que cela pouvait représenter, c’était une idée qui avait beaucoup de charme aux yeux de Lou. Il regarda Zadig sortir son trousseau de clés alors qu’ils étaient arrivés à la porte et Lou s’appuya contre le mur, les bras croisés, un sourire aux lèvres. « Pas trop anxieux de dévoiler ton jardin secret à un ... collègue ? » le taquina-t-il. C’était une blague, bien sûr. Lou n’était pas du genre commères, sauf en compagnie de sa sœur et de son meilleur ami. Quand ils étaient tous les trois réunis, ils était de véritables langues de vipère.