La flamme de la bougeait danser au fil de ma respiration. Droite, gauche, haute, basse, elle virevoltait dans tout les sens créant une beauté inexplicable. Je pris un stylo à encre, gris métallisé avec quelques gravures d'un style gothique. Je pris une feuille de papier à carreaux, et commençais à écrire. J'étais décidée. J'allais le faire ce film, peut importe les efforts, les déceptions, le prix que cela allait me coutait. Tout ça en valait la peine, les gens devraient savoir, oui, ils devraient se mettre à la place d'un adolescent homosexuel dans ce monde cruel. Il ne s'imagine pas à quel point c'est dur, surtout de devoir se cacher soi-même. Ça nous détruit, et pas qu'intérieurement. Je soufflais. Je ne savais pas par quoi commencer car j'avais tellement de choses à dire, à avouer, à confier sur papier. Je sentais une vibration sur ma cuisse. Je sortis de ma poche un portable assez vieillot, mais pour ce que j'en avais à faire, et ce que je l'utilisais. Gin, rejoins moi à la plage dans deux heures, on doit parler. Sanga. Je lançais sans aucune délicatesse le portable sur mon lit, me remettant à mes écrits. Je savais très bien de quoi il allait me parler. Après toutes ces années, je connaissais mon meilleur ami mieux que je me connaissais. Meilleur ami qui devenait au fil des jours, un inconnu. Sommes nous voué à ça ? Rencontrer des gens qui bouleverseront vos vies à jamais, et qui après quelques temps, s'envoleront loin de vous, comme si il ne vous avait jamais connu. La vie a une drôle façon de nous faire vivre, elle se fout de notre gueule, un point c'est tout. Je basculais la chaise sur laquelle je me trouvais, me levant d'un bond. Je me dirigeais vers ma penderie, poussant un à un les habits s'y trouvant. Je me décidais finalement à prendre un jean slim clair, troué au genoux, et un t-shirt noir décolleté. J'enfilais mes cuissardes noires, une veste en cuir et je quittais l'appartement. e n'était pas encore l'heure, mais j'avais simplement envie de me balader avant cette discussion qui allait être fatigante. Je me baladais donc pendant plus d'une heure et demi dans les rues de la ville, squattant le centre commercial, puis le skate park, et autres endroits où j'avais l'habitude de trainer lorsque l'ennuie me guettait. Faisant résonner mes talons sur le sol, je marchais en direction de la plage, mon ventre se nouait. Je sortis de ma poche droit un paquet de malboro à peine entamé, en en mettant une dans ma bouche. D'un geste sur, je l'allumais, la fumée s'attaquant à mes poumons et mes narines. Putain de drogue, c'était encore pire que l'alcool, une journée sans fumer était synonyme de dépression et de paranoïa assuré. Mes chaussures ne firent plus de bruit quand je pénétrais dans le sable. J'y marchais, longeant la plage. Au loin, je vis un homme blond assis sur le sol, la tête regardant le ciel. Je souris tout doucement. J'aimais ce Sanga là, si différent des autres types que j'avais pu croiser. Je m'approchais de lui, arrivant finalement à sa hauteur. Je m'assis à côté de lui, posant mon dos, et admirant le bleu intense du ciel. "Salut." Déclarais-je après avoir fini de m'installer. Je ne le regardais, à vrai dire je n'osais pas. Je tendis ma cigarette vers lui, pour ne pas faire ma radine. Surtout pas avec lui, qui m'avait tout donné lorsque mes parents m'avaient foutu dehors. J'étais pleine de nostalgie de ce temps là, où nous étions soudés comme des siamois. Le bon vieux temps. Aujourd'hui, nous n'étions plus que deux corps errant, comme si notre âme, notre conscience et notre amitié avait été aspiré par Sasha.